De Kerascoët et Vehlmann, aux éditions Dupuis
Résumé :
Aurore, petite blonde d’une robe bleue vêtue, invite Hector pour un goûter rose et mignon, Hector et Aurore qui en pincent un peu l’un pour l’autre… Et soudain, le décor rose bonbon fond, emportant les protagonistes. On suit Aurore qui, coute que coute, essaie de sortir de cette marée étrange…
Et elle sort. Quand elle s’échappe et retrouve enfin la liberté, c’est pour sortir d’un cadavre d’une fillette, morte à l’instant, au fond des bois…
Et elle n’est pas la seule à s’en être sorti. Des dizaines de petits êtres, aux traits si enfantins, aux couleurs pastelles et gentillettes qui semblent nous annoncer un récit féérique, se retrouvent eux aussi dans ce monde inconnu. Leur vie va alors ressembler à Koh Lanta, sans Denis Brogniart pour égayer leur quotidien et le réconfort des caméras : Survivre.
Alors l’histoire, déjà teintée de douceur et de macabre, se colore un peu plus et c’est tour à tour la solidarité, la violence, l’égoïsme, l’amitité, la mort la plus sordide qui soit, un monde enfantin cruel et sans limite qui se révèle tout à coup…
Avis :
Alors moi, quand je lis une BD, j’aime bien savoir de qui, de quoi, pour qui, pour quoi, comment. Je m’attendais donc, naturellement, qu’à la fin de ce one shot, on me dise qui quoi, pour qui pour quoi… Et bien que nenni !!! On ne vous donne RIEN !
… et en même temps, on vous donne tout… Parce qu’au fil des pages, vous vous faites votre propre opinion, vos propres significations (au pluriel, oui, car une signification ne suffit pas), vos propres raisons… Et si cela signifait cela ? Et cela ? Peut-être ça encore ? Tout cela mélangé ?
Une vision du monde des enfants mélangée avec la froide cruauté du monde adulte ? Quoique… le monde des enfants, à sa façon, n’est-il pas déjà cruel ? La mort, la vie se côtoient comme de vieux amis, dans une simplicité déroutantes les personnages s’éteignent, s’entretuent, s’éliminent et pactisent… Et le coeur serré, on voit Aurore qui, peu à peu, apprend à vivre dans le “vrai” monde, froid et douloureux… Et prend son image.
Bref, cette BD m’a laissé des sensations étranges. Un malaise, beaucoup de réflexion… Il m’a été très difficile de lire quelque chose juste derrière (d’ailleurs, ce que j’ai lu m’a paru insipide à côté… sûrement parce que la BD était… trop. Juste trop). Beaucoup de questions aussi. Et malgré soi, des heures durant, on se repasse certaines scènes, on en discute encore avec soi-même… Et aujourd’hui encore, je ne me suis pas tout à fait remise de la lecture de cette magnifique bande dessinée.
Ah, graphiquement parlant, rien à redire. Elle mêle avec maîtrise dessins enfantins et dessins réalistes. Le trait sert magnifiquement bien cette bande dessinée et les couleurs la sublime.